Imaginez : un soir, vous tombez sur une nouvelle série… basée sur votre vie. En cherchant à faire réagir les acteurs pour que votre cauchemar cesse, vous découvrez que vos efforts sont vains : ce sont des deepfakes qui “jouent” dans cette série. Et en plus, c’est parfaitement légal. Donc ni les acteurs ayant servi de modèle pour les deepfakes, ni vous ne pouvez y faire quoi que ce soit.

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Ce scénario, c’est celui de l’épisode “Joan est horrible” (”Joan is awful” en VO) de Black Mirror.

Il s’agit de fiction, certes, mais les deepfakes sont de plus en plus présents dans le monde réel.

Et ici aussi, ils sont encadrés par des lois et des réglementations.

Regardons-ça de plus près.

Pour commencer, qu’est-ce qu’un deepfake (“hypertrucage” en français) ? Ce procédé reposant sur l’intelligence artificielle permet de modifier ou réaliser un contenu audio ou vidéo avec beaucoup de réalisme. On les utilise souvent pour remplacer un visage par un autre. Vous en avez sûrement vu passer sur les réseaux sociaux.

Et comme dans “Joan est horrible”, ces contenus sont souvent malintentionnés.

Ils peuvent servir à désinformer ou humilier, par exemple. Ce qui peut causer de sérieux problèmes : diffamation, revenge porn, atteinte à l’ordre public… la liste est longue.

Les dérives du deepfake

Contre les dérives de l’IA, l’Union Européenne a approuvé un projet en juin 2023. Ciblant aussi les deepfakes, il impose par exemple aux réseaux sociaux d’indiquer explicitement qu’une vidéo a été générée par IA.

Certaines plateformes avaient déjà pris leurs précautions : Facebook a interdit toute vidéo modifiée avec malhonnêteté en 2020 et Reddit a fermé l’un de ses derniers forums dédié aux hypertrucages en 2022.

La France s’est mise à la page en juillet 2023. Désormais, publier un deepfake représentant les paroles ou l’image d’une personne sans son consentement, et sans clairement indiquer qu’il s’agit d’un faux, sera puni jusqu’à 2 ans de prison et 45 000€ d’amende.

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© Black Mirror : Joan is awful / Ally Pankiw / Netflix

Quant aux deepfakes pornographiques, les sanctions sont identiques, à cela près que l’amende monte à 60 000€.

Pourquoi un amendement spécial sur les hypertrucages à caractère sexuel ?

Parce qu’ils représentent 96% des deepfakes présents sur internet. Imaginez les ravages…

Portrait de Sandy

© Black Mirror : Joan is awful / Ally Pankiw / Netflix

Mais des vides juridiques autour des deepfakes existent toujours, notamment lorsqu’on sort du cadre d’Internet.

En témoignent les inquiétudes des acteurs en grève à Hollywood : Si les deepfakes peuvent les remplacer, le métier va-t-il devenir moins accessible ?

Pourra-t-on utiliser leur image pour des rôles qu’ils n’approuveraient pas ?

Beaucoup de questions qui vont probablement forcer les différentes institutions tous pays confondus à continuer d’adopter des séries de mesures. Espérons-le en tout cas, ou Salma Hayek ne sera pas la seule à péter des câbles…